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Les trois mousquetaires


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C’est en ayant des attentes très basses que je suis allé voir les trois mousquetaires, et dans l’optique de voir un divertissement honnête. Mais même sans en attendre quoique ce soit le film est affligeant.

Le ton est donné dès la séquence d’ouverture, on nous présente une carte de l’europe du début du XVIIème siècle dont le tracé est erroné : Les frontières mélangeant le tracé de l’époque et de celui de l’europe actuelle. Le royaume de Venise est trop étendu à l’est, fondu au noir vers la ville italienne où débute l’intrigue. On nous montre un mousquetaire ninja en scaphandre qui sort de l’eau pour abattre deux gardes dans un mode opératoire qui n’est pas sans rappeler les films d’infiltration. Il s’agit d’Athos. Le film démarre très fort au niveau des anachronismes et ça ne va pas s’arranger. Il serait vain d’essayer d’en dresser une liste exhaustive sans risquer une rupture d’anévrisme. On nous introduit dans cette même séquence Milady de Winter qui réussit l’exploit de se battre avec une incroyable agilité dans une robe de soirée. Les deux autres mousquetaires seront eux aussi introduits d’une façon aussi tout aussi improbable avec à chaque fois pour objectif de voler une clé. Clés qui serviront à ouvrir une chambre forte construite par Léonard de Vinci, pour y dérober les plans d’une de ses inventions : un navire volant. Autant le dire rapidement tout dans ce film est tape à l’œil, aguicheur mais j’y reviendrai. Donc une chambre forte solidement gardée par un mécanisme de défense aussi impressionnant qu’inefficace, le but étant de nous montrer comment Milady de Winter va ingénieusement le déjouer avec une cabriole improbable sur fond de bullet-time/slow-motion. Le film en abuse copieusement. Les plans de la machine dérobés, et la chambre forte détruite les mousquetaires célèbrent leur réussite autour d’un vin drogué par l’espionne qui est à la solde de Buckingham qui fait le déplacement pour leur voler et repartir presque aussi vite qu’il est venu. J’arrête ici le synopsis parce qu’il n’a pas vraiment d’intérêt, je voulais simplement citer des exemples d’incohérences du film. A cette liste peuvent s’ajouter pléthore d’anachronismes, par exemple Richelieu qui s’entretient en public avec son espionne secrète Milady puis avec Louis XIII dans la galerie des glaces du palais de Versailles (pourtant édifiée par Louis XIV). Au passage on notera que le palais change au moins trois fois d’apparence dans le film, en fait toutes les scènes d’extérieurs du château semblent avoir été tournées dans un château différent. On se souviendra aussi de la séquence où Milady va dérober les ferrets de la Reine qui n’est pas sans rappeler mission impossible : Tout commence sur le toit, où Milady va combattre des gardes, toujours en grande tenue de soirée mais cette fois c’est une excuse pour mieux l’enlever sauter retenue par un fil sur le balcon des appartements de la reine, y cacher des lettres et entrer dans la salle forte de la reine où sont cachés les bijoux. Oui j’ai bien écrit salle forte, c’est-à-dire un genre de salle coffre protégée non pas par des rayons laser mais par des fils tranchants transparents qu’il lui faudra révéler avec un poudrier et esquiver par une cabriole improbable dont elle a le secret avant d’atterrir au premier plan pour se déshabiller encore un peu. Est-ce que la Reine doit faire pareil lorsqu’elle veut porter ses diamants ?

Je rappelle qu’elle est interprétée par Mila Jovovitch, il faut donc utiliser son potentiel féminin au maximum, quitte à essayer de ressembler un maximum à ce qu’elle fait dans Resident Evil. Un peu avant la fin du film elle survivra à une chute de plus de 1000 mètres dans la Manche. Je pourrais aussi vous parler de comment D’Artagnan se prend une contravention, rédigée en anglais par un des trois mousquetaires, dans Paris parce que sa jument a souillé les rues. Ou de comment il traverse un village français dans lequel on voit très nettement des armoiries allemandes. De l’incohérence des scènes d’actions, comme par exemple dans la poursuite en bateaux volants qui s’achève sur le toit de Notre Dame. Ici en effet, le navire de Rochefort s’échoue sur le toit, puis on ne sait comment il est à nouveau en l’air et chargé par le vaisseau des mousquetaires qui le force à s’empaler sur le clocher. Il s’y déroule un combat à l’épée durant lequel on peut remarquer que les figurants sur le parvis en arrière-plan apparaissent de la même taille que les personnages au premier plan, qui eux sont sur le toit. Peu de temps avant cela on voyait un des figurants lancer un canon qu’il portait à plein bras rebondir sur le toit de la cathédrale. Ce n’est peut-être pas clair à la lecture de ce sujet, mais le scénario reprend quelques moments clés de l’histoire de Dumas et meuble autour avec du grand n’importe quoi.

A bien y regarder il y a quand même du bon sentiment, le caractère désabusé des mousquetaires est presque pertinent puisqu’emprunté un peu au troisième opus de la saga de Dumas. Il y a eu un effort sur les costumes, les décors. Malheureusement trop de choses sont complètement stupides. Louis XIII est devenu une fashion victime qui n’est pas sans rappeler un des queers de TF1. Le cardinal de Richelieu manque cruellement de charisme, ou même d’intelligence. Le jeu des acteurs est inexistant et surfait, rien n’est crédible y compris les CGI dont les shaders sont tellement bâclés qu’on se croirait parfois revenus au début des années 90. Pour tout dire on s’attendrait presque à voir l’Arc de Triomphe et la Tour Eiffel dans les vues de Paris présentes dans le film. Il me semble qu’on y voit le Louvre sous sa forme modernisée. Tout ici sent le mauvais film d’action américain, calqué en grande partie sur pirates des caraïbes à cause de la présence d’Orlando Bloom. Le problème c’est que cette bouse est l’œuvre de français, d’anglais et d’allemands… Toutes les recettes du mauvais film d’action grand public sont présentes y compris le personnage comique, de préférence gros lourdaud, qui sert de prétexte à des scènes humoristiques d’un gout plus que douteux. La bande son est vindicative pour essayer d’être spectaculaire, mais ennuyeuse et sans grand intérêt.

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J'ai lu le blog d'un odieux connard sur ce film pas plus tard qu'hier (enfin, avant-hier maintenant vu l'heure).

Je commence à bien cerner sa façon de critiquer, et vu comment il va loin sur ce film, j'ai conclue qu'il devait y avoir quand même quelques méchants loupés dedans (euphémisme bien sûr).

D'ailleurs, tu relèves plusieurs des points également notés pas l'OC.

C'est le genre de titre, évocateur de cape et d'épée, qui aurait pu me faire me déplacer sans même lire le synopsis, je reste grand amateur - fan me paraît un peu trop fort :) - des (vieux) films du genre (ceux avec Jean Marais par exemple, et autres Ivanhoé, Robin des Bois, etc.).

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J'avais vu la bande-annonce. Ca m'avait suffit. Même sans être un intégriste de l'Histoire ou de l'oeuvre de Dumas, la séquence Milady/Milla Jovovich qui déjoue le piège de Vinci en... courant plus vite que les balles (point relevé par l'Odieux Connard, d'ailleurs) façon film Hong-Kong revu par Hollywood fauché, ça m'avait donné des envies de meurtre de scénariste et de réalisateur...

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Je viens de lire le billet du blog de l'odieux connard, et je me reconnais dans pas mal des points qu'il a soulevé, et l'ami qui était avec moi lors de la projection également.

Il a relevé quelques détails qui m'avaient échappé y compris ce que je n'ai pas mentionné parce pas la place et effectivement son point de vue sur le film bien qu'extrêmement caustique est plus que pertinent. Un ou deux points qui m'ont choqué dans le film que je n'ai pas évoqué avant, c'est qu'il y manque un personnage central pour le porter : que ce soit un vilain charismatique à haïr ou un héros auquel s'identifier. Je pense que c'est un élément essentiel dans un film sinon la sauce ne prend pas. Autre point que je retrouve beaucoup dans les mauvais films c'est l'abondance de "punchlines" pour tenter de donner du relief à un personnage, ça passe bien quand il y a de la densité dans le scénario où que le personnage qui la sort a un certain charisme, une certaine crédibilité. Sinon ça tombe à plat, au final il me semble que ça accentue le caractère "pioché à droite et à gauche" de ce mauvais film. Je n'ai rien dit sur la 3D, car elle est discrète et peu utile, cependant elle s'intègre bien et donne une petite valeur ajoutée aux scènes d'actions.

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