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Kaamelott - Premier Volet


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Kaamelott - Premier Volet reprend l’épopée arthurienne après une ellipse de dix ans. Passée la joie que déclenchait l’annonce de la sortie du film et à mesure que celle-ci s’approchait inexorablement, l’inquiétude quant à une éventuelle déception de plus en plus certaine ne pouvait que grandir. Car le moins que l’on puisse dire c’est que l’attente fut longue.
Faisant fi de mes habitudes à vous partager mon avis à chaud, j’ai cette fois choisi de laisser décanter mes impressions sur ce film. Si le bilan est au global positif, Kaamelott souffre de quelques défauts non négligeables et m’inspire une certaine déception qu’une expectative entretenue plus de dix ne saurait à elle seule justifier.

Passés les rires de situations ubuesques et dialogues savoureux, les costumes et décors à la hauteur des ambitions de Astier, la vignette post-générique, laisse une certaine amertume : le Livre VI s'arrêtait lui aussi avec son récit inachevé, et nous repartons donc avec des questions et bien peu de réponses. Le scénario de ce premier volet, qui doit déboucher sur une trilogie, est la première source de déceptions. De ce point de vue, Alexandre Astier tombe dans au moins trois écueils :

 

  • Les motivations de Lancelot ne sont pas très claires, et il y a un décalage dérangeant entre la manière dont les autres le décrivent (un tyran sans scrupule) et ce que le film montre effectivement (il est presque transparent).

 

  • Plusieurs personnages, comme Perceval et Karadoc ne sont que des archétypes. Dans ce cas précis, trop stupides en toutes circonstances pour qu’on puisse les confondre avec des êtres humains. La série avait l’énorme avantage de la longueur, lui permettant d’alterner des situations d’humour très absurdes avec des moments largement plus sérieux qui contribuaient à donner un supplément d’âme à des personnages sans lequel ils seraient caricaturaux au dernier degré. Ajoutons qu’ils tourneraient en rond sans cela et que dans le cas de Perceval, celui-ci opère une régression significative depuis la fin de la série.

 

  • Comme le Livre VI, ce volet comprend des flashbacks de la jeunesse d’Arthur à la Légion. Si l’un d’entre eux à un rapport immédiat avec l’intrigue, les autres sont manifestement l’amorçage d’un fusil de Tchekhov dont la résolution n’interviendra que plus tard. Ce qui en l’état ne fait qu’accroître l’amertume ressentie quant à l’histoire inachevée qui apparaît alors comme décousue. On aurait en effet souhaité à court terme que l’auteur livre une histoire avec une conclusion satisfaisante, bien qu’incomplète, plutôt que de s’appesantir sur ce qui demeure en l’état du détail.

S’il n’est pas à proprement parler un écueil, l’arc narratif de Arthur pose également un problème : il n’est ni stationnaire ni résolu au terme du premier volet. Et à mon sens, Astier n’en a pas dit assez dans le sens où la progression plutôt modeste de cet arc est assez diluée. Comme les enjeux de Lancelot, ceux d’Arthur sont flous au point que la fin du film paraît artificielle : ne pouvant conclure cet arc au premier volet, sa progression est interrompue arbitrairement. Le film en dit si peu qu’il laisse le spectateur spéculer, écrire les enjeux qu’Astier ne fait que suggérer et sans lesquels le film n’aurait pas de sens. Certains argueront qu’une œuvre que le public peut se réapproprier pour en compléter à loisir la diégèse est un gage de richesse. Less is more, résumerait-on en anglais.
Le fait est qu’il nous faut invoquer la série et non le film pour tenter de comprendre les enjeux d’Arthur et Lancelot, et donner du sens à leurs actions. L’équilibre délicat à trouver entre paraphraser la série pour mieux expliquer et sous-expliquer est, à mon sens, manqué. C’est sur cet aspect que j’attends principalement le prochain volet.


Kaamelott - Premier Volet se révèle être distrayant en dépit des faiblesses évoquées et pourra satisfaire les spectateurs que la torpeur des livres V et VI avait laissés sur le carreau. 
 

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Mouais, j'étais pas super convaincu de donner mon (précieux) temps pour aller voir ce film, au vu des premiers retours. Ton avis ne fait que renforcer mes appréhensions. Je le verrai peut être depuis mon salon. Peut être. Dommage.

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J'ai rédigé un complément de cet avis un peu succint mais il contient des spoilers. Si ça ne dérange pas je peux l'ajouter. Dans mon entourage les retours de ceux qui l'ont vu sont mitigés. Il y en a qui partagent mon avis et d'autres qui considèrent que je chipotte. Certains aussi s'en fichent mais bon... >)

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Le film incitant, à mon sens à spéculer sur sa propre intrigue voici le prisme à travers lequel je l’ai digéré.
Le Livre VI se terminait sur Arthur donnant le pouvoir à Lancelot, pour lui laisser la chance de réussir là où il avait échoué. Les deux derniers livres insistant respectivement sur :

  • L’échec d’Arthur en tant que chef d’État, au-delà de la quête du Graal, et sa méconnaissance des problèmes rencontrés par son peuple. Cela s’illustre notamment par la confrontation entre la recherche de sa descendance et sa découverte de la mortalité infantile dans la population paysanne. Constatant ce triple échec, il ne s’estime plus digne de sa condition d’élu des dieux et de souverain légitime du Royaume de Logres.

 

  • L’importance qu’accorde Arthur à être un bon chef d’État et un chef de guerre légitime ainsi que son inquiétude quant à assumer son rôle d’élu des dieux. Cela s’illustre par la relation qu’il entretient avec César qui nous permet d’explorer son complexe de l’imposteur.

Les dernières images du Livre VI nous montrent que Lancelot s’engage sur le chemin de la tyrannie, sous l’influence de Méléagant, et qu’il compte bien saisir l’opportunité de montrer qu’il vaut mieux qu’Arthur. Le film s’ouvre sur le constat que la politique de Lancelot a conduit le royaume à la ruine, qu’il s’est mis à dos le peuple et qu’il n’a pas trouvé le Graal (il ne s’est d’ailleurs pas débarrassé de tous les « débiles ») : la décennie écoulée a donc montré son échec à prouver sa supériorité sur Arthur en tant que chef d’État. À la lumière de ce constat auquel il est confronté quotidiennement, je lis le personnage de Lancelot comme désabusé. Plusieurs scènes montrent par ailleurs qu’il prend peu de décisions quant à la conduite du royaume, suggérant qu’il a laissé s’instaurer les mêmes manigances qu’Arthur souhaitait éviter avant son accession au trône du royaume de Logres. Un autre aspect, sur lequel cette fois le film insiste également sera la propension de Lancelot à se laisser conduire par ses obsessions (sa traque d’Arthur et Guenièvre entre autres) et contrairement à ce que montrait le Livre V, Méléagant y semble cette fois étranger. Je ne peux m’empêcher d’y voir un acharnement de Lancelot à détruire le legs d’Arthur, probablement en parallèle à la recherche infructueuse de la descendance de ce dernier qui conclut le Livre V.

La finalité de l’arc d’Arthur nous est indiquée dès la fin du Livre VI, la trilogie que ce volet initie doit nous montrer comment Arthur redevient un héros. Après avoir fui ses responsabilités et ses échecs, il est amené à rencontrer les anciens chevaliers, malgré ses réticences alors même qu’il est activement recherché par Lancelot. En dépit de son refus initial, un concours de circonstances l’amène finalement à prendre la tête du mouvement de résistance pour mener un assaut sur la forteresse de Kaamelott. Une situation qui n’est pas sans rappeler un des conseils de César, son mentor du Livre VI. Dans le film, le fait qu’Excalibur ne flamboie plus, alors même qu’il l’a retirée du rocher, contribue probablement à entretenir les doutes d’Arthur quant à sa légitimité. Toutefois, puisqu’il a pu l’extraire contrairement à tous les Bretons, j’interprète cela comme le fait que les dieux le mettent à l’épreuve : l’incitent à prouver qu’il est digne de l’exceptionnelle destinée que l’épée reconnaît en lui. Il est important de noter que pour la première fois, le film atteste des capacités de chef de guerre d’Arthur, le montrant mener avec succès le peuple burgonde (présenté comme les plus inaptes) dans l’assaut contre la forteresse. Ceci en insistant jusqu’à présenter comment Arthur a appris le mode opératoire victorieux, à travers les flashbacks de sa jeunesse dans la légion. Ce succès, mettant probablement fin à une série d’échecs, et le deus ex machina d’Excalibur lors de la confrontation avec Lancelot rend d’autant plus incompréhensible la résignation avec laquelle Arthur choisit de s’abandonner dans la destruction de la forteresse. S’agissait-il pour lui de s’offrir une mort honorable au combat après avoir triomphé de son ennemi, ou le relent de sa dépression latente ? Le fait qu’il épargne Lancelot, alors même que la mise en scène fait un parallèle avec le dernier flashback dans la légion apparaît contradictoire et brouille lui aussi la compréhension des enjeux derrière les actions d’Arthur. Ces épisodes sont des anomalies dans l’arc narratif du personnage et en tant que telles, il aurait été souhaitable, à défaut de les expliquer complètement, de les étayer/expliciter.


J’écrivais au sujet de Perceval que son personnage subissait ici une régression, voici pourquoi. La série le dépeint d’abord comme foncièrement stupide, avec toutefois une certaine empathie. En particulier envers Arthur. Les jeux aux règles complexes, ainsi que ses aptitudes mathématiques sont toutefois un moyen de nuancer cette stupidité en le dotant d’une forme d’intelligence remarquable, tout en créant une sorte de décalage par rapport aux autres personnages. Notons en effet qu’Excalibur reconnaît à Perceval une destinée encore plus exceptionnelle que celle d’Arthur et enfin la révélation du Livre VI selon laquelle Perceval avait été trouvé dans un cercle de culture, qui dans la diégèse de Kaamelott est associé aux « extra-terrestres ». Le sous-texte autour de Perceval le place dans un statut de surhomme, voisin de celui des héros grecs tels qu’Achille. Le film casse cependant l’ambiguïté relative aux règles complexes des jeux du Pays de Galle, montrant la partie de Robobrol et ses règles indubitablement absurdes. Fait d’autant plus notable que cela contredit une scène du Livre V montrant Arthur demander conseil à Perceval sur les règles d’un de ces jeux, accréditant de facto le fait qu’il s’y trouve une forme de stratégie. À cette régression s’ajoute le fait que Perceval et son comparse Karadoc sont systématiquement placés dans des scènes à vocation comique, souvent potaches, ce qui laisse surtout l’impression qu’ils sont principalement utilisés pour faire du fan-service. Comme si à travers eux, Astier cherchait à contenter les fans déçus de la torpeur des derniers livres de la série. Ce sentiment se retrouve dans l’utilisation de personnages, tels que le roi burgonde, qui recyclent leurs répliques cultes sans parvenir à retrouver leur impact comique initial.
 

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Les critiques que j'ai lues étaient plus prosaïques. Celle de JV le mag insiste notamment sur le montage, assuré par ASTIER. D'après Cristophe BUTELET, le film est laid, mal filmé et surtout mal monté au point d'en devenir aberrant (abandon d'un personnage au beau milieu d'une scène, ellipses abruptes, renversement subit de motivation d'une scène à l'autre, etc). Même les rares scènes d'action sont apparemment bancales parce que mal montées (un combat à l'épée qui se voulait du Star Wars et qui finit en chorégraphie de kermesse d'école). Selon BUTELET, ASTIER n'avait tout simplement pas les moyens de ses ambitions.

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  • 5 semaines après...

Le montage du film ne m'a pas choqué outre mesure. J'ai bien aimé le film d'ailleurs.

J'ai ri tout du long et j'ai trouvé l'histoire plutôt bien menée. Et finalement ca me suffit pour passer un bon moment.

Je n'ai pas analysé si profondément le film et je ne trouve pas cela important non plus.

J'ai pris le film comme un divertissement, ce qu'il est d'ailleurs. Et en cette période compliquée ce genre de film me va parfaitement.

En plus la prestation d'Alain Chabat vaut le détour ! :p

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