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Cycle Gustav Mahler par Daniele Gatti


Messages recommandés

Bonjour à tous,

Pour ceux que ça intéresse, Daniele Gatti, directeur musical de l'Orchestre de France entame cette saison l'intégrale des œuvres de Gustav Mahler. La première date est déjà passée puisqu'il s'agissait du 29 octobre, mais la prochaine arrive à grands pas c'est à dire le 17 décembre avec la 1ère Symphonie "Titans" et des extraits de Des Knaben Whenderhorn. Je pense qu'à l'heure qu'il est le Théâtre du Chatelet affiche complet pour cette date.

Je connais assez mal ce compositeur, une demi-douzaine de ses œuvres tout au plus, donc ce sera l'occasion pour moi d'en découvrir d'autres. J'avais la saison dernière pas mal tapé sur le dos de ce chef dans divers threads (peut-être un peu trop d'ailleurs) c'est pourquoi je suis sceptique quant au résultat, mais il me semble que nous serons assez proches de son répertoire de prédilection pour espérer quelques chose de bon. Je ne pourrais mieux me prononcer que le 17 puisque j'y serai.

Une partie de mon scepticisme provient également du fait que je ne suis pas un grand fan des intégrales d'un compositeur par un même chef, surtout dans le cas d'œuvres très diversifiées comme pour Mahler.

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Non malheureusement pas grand chose. On peut trouver quelques classiques sur Deezer en qualité moyenne. Il y a des chaines dédiées au classique sur youtube mais en qualité daubesque. Il y a spotify ou la qualité est très correcte et un choix très convenable mais le gros problème c'est la pub intercalée aléatoirement qu'on ne peut pas éviter, sauf avec un abonnement bien sûr. Sur Jiwaa il y a des choses mais honnêtement comme sur Deezer c'est tellement mal classé que ça en est infernal pour écouter quoique ce soit. C'est triste à dire mais en passant par des trackers BT on peut aussi en trouver beaucoup....

ça ne tiendrait qu'à moi je partagerai volontiers quelques cd que j'ai à la maison, mais ça poserait quelques soucis légaux. En plus je n'ai pas d'œuvres de Mahler en CD. Après il faut savoir que les concerts de l'Orchestre de France ou du Philharmonique de Radio-France sont retransmis soit en direct soit en différé sur l'antenne de Radio-France. Certains sont même filmés et diffusés en direct à la télévision, mais pas en France à ma connaissance.

Le gros problème d'écouter du classique à la radio c'est qu'on a beaucoup de chance de tomber en plein milieu d'une œuvre inconnue et de devoir attendre la fin pour savoir ce que c'était, je ne connais rien de plus désagréable!

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Tant pis, merci quand même.

Ma médiathèque est en travaux, mais dès qu'elle ouvre ses portes, je vais bien trouver ça ;)

En attendant, je vais rester calé sur radioclassique.fr... Ca doit être du 128K, au jugé, mais bon.

Et la playlist est disponible à l'avance, ex pour la plage horaire actuelle :

http://www.radioclassique.fr/index.php?id=14&id_emission=244

(trop de pubs sur classicfm.co.uk, même si cela m'amuse toujours d'entendre les "mozart's greatest hits now in a wonderful cd-box" asséné avec la voix du gars de 2m10 qui fume le cigare depuis l'âge de 7 ans et qui fait également les bandes-annonces en VO des blockbusters)

Pour la TV... En inspectant la nouvelle TV 40" full-HD de ma soeur récemment, je suis tombé sur un concert de classique sur Arte : son et image formidables, je me suis laissé prendre. Mais de là à allumer la télé chez moi...

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  • 2 semaines après...

J'ai préféré attendre un peu plutôt que d'écrire à vif.

Agréable surprise, je pensais qu'on pouvait faire confiance à Gatti sur Mahler, malgré les lourdes déceptions de la saison dernière, et je ne me suis pas trompé!

Pour la première oeuvre, le soliste était Matthias Goerne, Pas grand chose à dire, ce soliste dégage une grande présence et beaucoup d'énergie sur scène. La véritable surprise vient de Gatti, qui a proposé une direction très fine et très musicale, il a laissé peu de choses au hasard poussant le vice jusqu'à indiquer chaque coup d'archet aux pupitres des cordes dans les passages un peu délicats de la première symphonie notamment. Quelques par cette symphonie, de par son plan très varié, lui a permis de déployer une palette de couleurs et d'expressions que je ne lui connaissait pas jusque là. Je vous recommande d'écouter la diffusion du concert à la radio qui aura lieu en janvier. Je vous préciserai la date dès que je l'aurai retrouvé, en même temps que la prochaine date du cycle.

La seule ombre de taille qui a plané sur le concert d'hier soir ne venait ni des musiciens ni du chef mais de la RATP/SNCF. En effet, bien que cela paraisse étonnant, on entend et on sent passer très distinctement le métro/rer dans la salle de concert! Ce qui est d'autant plus rageant que tous les concerts du cycle auront lieu dans cette salle. A noter que ce dernier s'étendra sur 3 ans.

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  • 3 semaines après...
  • 10 mois après...

Le prochain concert du cycle qui se poursuit en 2011 aura pour programme la 6ème Symphonie de Mahler, ainsi que le Rückert Lieder. Rendez-vous à prendre le Jeudi 13 janvier, au théâtre du Châtelet, avec toujours l'Orchestre de France, Matthias Goerne en baryton et Gatti à la baguette. La Sixième, celle que je préfère et de loin, est souvent considérée comme la symphonie la plus "classique" du compositeur probablement parce qu'il a abandonné, en apparence, l'idée d'un programme, qu'il reprend la forme classique d'une symphonie en 4 mouvements et s'affranchit d'un coeur. Mahler hésitera beaucoup sur la forme, puisque jusqu'à sa création, et même après, il ne sera jamais vraiment fixé sur l'ordre des deux mouvements intermédiaires.

L'œuvre fera couler beaucoup d'encre, en premier lieu pour son caractère agressif qui se fait sentir depuis la première note du premier mouvement, et qui se décuple dans le quatrième mouvement. L'effectif orchestrale démesuré, et en particulier les cuivres et percussions, n'y est sans doute pas étranger. Le caractère extrêmement pessimiste de l'œuvre sera aussi montré du doigt, et beaucoup de critiques n'ont pu s'empêcher d'y apercevoir des aspects de la vie torturée de son auteur. Le quatrième mouvement est d'ailleurs très certainement responsable de cette vision, en raison de la présence de trois coups de masse très reconnaissables qui symbolisent le destin venu frapper le héros imaginaire de cette symphonie. Un rapprochement a alors été fait avec les évènements tragiques de la vie de l'auteur, comme la mort de sa fille, et ces coups ont alors pris un caractère prémonitoire. Comment y couper, puisque la symphonie se nomme elle-même "Tragique"? Certains musicologues comme de La Grange ont nuancé l'importance que prêtait Mahler à ces trois coups de marteau avançant qu'il en avait même supprimé un dans les dernières exécutions qu'il dirigea, alors que d'autres avancent la superstition comme explication à cette suppression. Les contemporains de Mahler ont écrit que ce dernier était littéralement terrifié par cette œuvre et qu'elle le dépassait complètement.

Pour ceux que la sixième intéresse je recommande une excellente version de Claudio Abbado et le Berliner Philharmoniker, enregistrée en live en 2004. Dans une moindre mesure peut-être la version de Karajan toujours avec le Berliner.

A noter aussi que en dehors du cycle, la 2ème Symphonie sera jouée à Pleyel par l'Orchestre du Théâtre Mariinksy le 11 décembre

[edit: Juin 2013]

C'est amusant de constater qu'avec le recul j'ai fini par carrément renier la version d'Abbado pour lui préférer la version de Karajan, j'ai aussi appris à apprécier un chef dont je ne connaissais rien alors, Barbirolli qui a signé une très belle 6ème aux tempi très fouillés. Je vais essayer de mettre la main sur des témoignages de Kondrashin, autre chef génial, et Dorati dont j'ai peu d'espoir de trouver la moindre trace dans ce répertoire.

[/edit]

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Attention quand même, la Sixième de Mahler, comme toutes ses symphonies, ne sont pas à mettre dans toutes les oreilles! Comme il l'a écrit lui même à sa confidente:

"Les hommes n'ont pas encore accepté mon langage. Ils n'ont aucune idée de ce que je veux dire, tout leur semble absurde et inintelligible. Même les musiciens qui jouent mes œuvres ne comprennent pas où je veux en venir."

Personnellement je sursaute toujours sur la fin du 4ème mouvement tant elle est abrupte!

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  • 1 mois après...

Je sors de la salle de concert, hanté par la prestation qui s'est donnée au Châtelet. Si une fois encore le baryton Mathias Goerne s'est montré remarquablement génial et d'une aisance déconcertante sur le lied, genre qu'il possède littéralement il n'y a pas grand chose à en dire si ce n'est souligner le magnétisme que dégage sa présence sur scène. En vérité sa prestation, bien que remarquable est très largement éclipsée par la seconde partie du programme de la soirée.

Si des les premières mesures de l'Allegro Gatti impose un tempo plus lent, surexpose la caisse claire et dirige d'une main de fer un phrasé d'une dureté extraordinaire aux cordes c'est pour mettre en exergue une vision extrêmement militaire qui m'était ma foi bien peu familière. Mais le génie de sa démarche déconcertante au premier abord permet surtout de mettre en avant une direction limpide qui laisse d'avantage respirer la partition surchargée d'effets orchestraux d'une complexité géniale. Ainsi l'Orchestre de France révèle une facette qui m'était jusqu'alors très méconnue, un son ample et dur, d'une agressivité hors-norme et forgé d'éclats métalliques qu'on avait coutume d'entendre à Berlin sous la baguette de Karajan. Arrive bien vite le thème d'Alma pour lequel Gatti métamorphose avec brio l'Orchestre qui se fait beaucoup plus voluptueux et subtil. A la fin du premier mouvement, plein de tensions, presque tout est dit, on sait déjà que le finale sera d'une très grande tenue, et les mouvement centraux affichent, en comparaison, une sérénité étonnante. Le Scherzo est tout bonnement déconcertant, d'abord apaisé avant de revêtir une coloration plus lugubre et pesante. Gatti là encore très inspiré va génialement mettre l'accent sur son caractère instable. La seule vraie bouffée d'oxygène arrive avec l'Andante renfermant des sonorité d'alti extrêmement sirupeuses dotant ce mouvement d'envolées lyriques des plus élégiaques. Ici Gatti toujours extraordinairement inspiré fait une nouvelle fois preuve d'une direction très contrastée. Le climat y est d'ailleurs presque champêtre, comme un voyage au calme pour reprendre des forces avant une rude bataille. Le final de cette symphonie est plus qu'une bataille. Surdimensionné de par sa longueur, sa densité et sa complexité, il est tantôt noir, infernal, dantesque, déchirant, bestial mais clairsemé de rares passages optimistes. Gatti se surpasse une fois encore, sa direction est impériale sachant redoubler les tensions insoutenables qu'il avait esquissé au premier mouvement. L'estomac se noue, on est oppressé par des pupitres de cordes tyranniques et des bancs de percussions et de cuivres surdimensionnés. A plusieurs reprises les roulements sur la grosse caisse semblent dérober le sol sous nos pieds pour nous projeter dans les tréfonds abyssaux. Et lorsque l'Orchestre achève ce final par la crucifixion du héros imaginaire de cette symphonie j'ai bien cru que Gatti allait s'éffondrer avec les musiciens tant l'énergie qu'ils ont déployé était titanesque. Ce final a clairement redéfini le terme "épique" et l'interprétation de ce soir a tout simplement donné une nouvelle dimension au sous-titre "Tragique" de l'oeuvre.

A n'en pas douter cette sixième était une interprétation d'une tenue extraordinaire, de tous les superlatifs, elle hisse Gatti au firmament des interprètes de Mahler. Ce que j'ai entendu ce soir j'ai peur de ne plus jamais l'entendre et je repense avec stupeur au journaliste du Financial Times qui avait écrit au sujet d'Abbado qu'il était le grand prêtre de Mahler. Il parlait de la version enregistrée en 2004 avec l'Orchestre de Berlin que j'ai mentionné plus haut. Il est évident que cette affirmation n'a plus le moindre sens après ce soir, qu'Abbado certes grand chef sur Mahler n'arrive, dans cette version, pas à la cheville de son compatriote, tant il semble froid et aseptisé en comparaison. Oui Gatti a prouvé ce soir, comme à chaque soirée de ce cycle qu'il était certainement le plus grand des grands. Clairement je suis mortifié de savoir que j'ai failli manquer cela, et je ne pourrais probablement pas dormir ce soir.

Prochain rendez-vous du cycle à prendre le 31 mars avec la 7ème, dernière symphonie purement instrumentale de Mahler. Comme beaucoup dans la salle ce soir, je me demande comment Le Maestro pourra faire mieux que le joyau qu'il nous a servi ce 13 janvier.

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  • 2 mois après...
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